Être femme en politique s’avère à la fois une leçon et un engagement. Une leçon parce que ce n’est pas toujours facile d’acquérir la reconnaissance de mes collègues masculins et qu’il faut déployer beaucoup d’efforts pour pouvoir exercer des responsabilités au service du public. Pour dire les choses crûment, je me suis battue pour arriver à ce niveau et j’ai appris à convaincre.

C’est aussi un engagement qui m’oblige. En effet, maintenant que je suis maire d’une commune, la seule femme maire de la région de Dakar, je peux à mon tour venir en aide à mes concitoyennes, aux femmes dont la santé et celle de leurs enfants risquent d’être mises à mal par des grossesses précoces et par des accouchements trop rapprochés. Donc, en tant que maire et que femme, je suis clairement engagée dans une démarche de prévention à travers la planification familiale.

« Nous avons alloué un budget de 2 millions de francs CFA à des actions de planification familiale »

Pour rendre la croissance démographique compatible avec un développement durable du pays, le Président de la république a impulsé le plan « Sénégal émergent » : cette volonté politique nécessite d’augmenter la prévalence contraceptive. En tant que maire et actrice de développement, mon rôle est d’accompagner ce repositionnement de la planification familiale, en particulier dans une zone aussi peuplée que Tivaouane Diacksao. Les membres du conseil municipal ont d’abord été sensibilisés. Puis, avec le réseau associatif de femmes qui est notre partenaire, nous avons renforcé les capacités de l’équipe exécutive et organisé une séance de plaidoyer auprès des porte-paroles de la commune.

Ce travail en amont nous a donné des arguments pour promouvoir le moytou nef (l’espacement des naissances en langue wolof) et lutter efficacement contre les décès évitables des mères et des enfants. Mais s’engager, c’est aussi débloquer des moyens : nous avons ainsi alloué un budget de deux millions de francs CFA à des actions de planification familiale. Et je me suis engagée à renouveler ce budget chaque année durant le reste mon mandat. Concrètement, cet argent doit financer l’organisation de quatre audiences foraines municipales par an. La première session a eu lieu à l’intérieur même de la mairie. Ce jour-là, avec la collaboration du district sanitaire, nous avons recruté plus de 75 femmes qui vont pouvoir entreprendre une démarche de planification familiale grâce aux fonds mobilisés par l’équipe municipale. A terme, ce sont plus de 200 femmes que nous espérons avoir aidées.

« Je sais que je peux contribuer à faire avancer les choses et que c’est même une question d’exemplarité »

Il reste encore beaucoup de travail afin de convaincre les responsables politiques d’agir davantage en faveur de la planification familiale. Avec les expériences que nous menons à Tivaouane Diacksao, mon équipe et moi espérons édifier nos collègues d’autres communes, mais aussi les parlementaires. Cela doit faire tilt dans les têtes de tous les responsables politiques et des élus qui ont des compétences en santé publique. Au XXIème siècle, aucune femme ne doit mourir en donnant la vie.

Je ne sais pas si je suis une championne de la planification familiale, mais je sais que je peux contribuer à faire avancer les choses et que c’est même une question d’exemplarité. Je suis convaincue que la planification familiale contribue à atténuer la souffrance des populations, car une famille planifiée est source de bien-être.