Au collège, j’ai eu la chance de recevoir une formation de quatre jours sur la santé sexuelle et reproductive. En voyant les images des symptômes provoqués par les maladies sexuellement transmissibles, j’ai été perturbé dans mon intimité. Cela m’a vraiment fait réfléchir sur les conséquences de l’acte sexuel. J’ai aussi compris l’importance d’aller porter l’information auprès des jeunes. Avec les jeunes ambassadeurs pour la planification familiale, nous disons à celles et ceux qui le peuvent de reculer l’âge du premier rapport pour mieux se consacrer aux études. Aux autres, qui ne peuvent pas s’abstenir, nous disons : « Protégez vous en utilisant des préservatifs ».

Quand je me suis formé en tant que pair-éducateur, puis que j’ai eu la chance d’aller dans des conférences internationales sur le sujet, j’ai compris que la planification familiale n’est pas quelque chose qu’on veut nous imposer. Certains pensent que c’est pour empêcher les africains d’avoir des enfants, comme cela s’est passé en Chine avec la politique de l’enfant unique. Mais non ! Contrôler le nombre des naissances n’est pas une fin en soi : ce qui compte, ce n’est pas une famille nombreuse mais c’est surtout une famille heureuse. C’est d’abord une question de qualité de vie.

« Nous avons mené une campagne intitulée : une Saint Valentin sans grossesse »

Les jeunes ambassadeurs sont une initiative de la coalition des organisations de la société civile pour le repositionnement de la planification sociale au Bénin : cette initiative existe dans les 9 pays du Partenariat de Ouagadougou (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Mali, Niger, Mauritanie, Sénégal et Togo). En tant que jeunes ambassadeurs, nous avons deux types d’action :

‐       Nous menons des actions de plaidoyer pour veiller au respect des engagements internationaux du gouvernement béninois, comme celui qui a été pris lors de la 3ème conférence internationale sur la planification familiale en 2013, à Addis-Abeba : rendre gratuit l’accès aux méthodes modernes de contraception pour les jeunes en 2015.

‐       Et bien sûr, nous faisons de la sensibilisation et de la mobilisation communautaire. D’abord à l’occasion des journées statutaires (la journée mondiale des femmes, celle des jeunes filles, celle de la contraception, etc.). Nous profitons aussi de certaines fêtes : par exemple, nous avons mené une campagne intitulée « une Saint Valentin sans grossesse ». Et puis nous intervenons régulièrement dans des établissements scolaires, à l’hôpital, sur les marchés, lors de rassemblements festifs dans des lieux publics. Nous allons aussi rencontrer les gens en faisant du porte-à-porte ou avec une caravane qui passe dans la ville.

« Il faut savoir choisir le bon moment et les bons mots pour en parler »

Il y a un manque de dialogue parent-enfant aujourd’hui sur la sexualité : dans la famille, le père éteint la télévision lorsqu’il y a des scènes amoureuses. Pourtant, si les parents refusent de donner l’information à leurs enfants, ils vont aller la chercher ailleurs et ils risquent alors de tomber sur de mauvais conseils qui vont les mettre en danger. Un jour, au cours d’une séance de sensibilisation, une jeune fille a pris la parole pour nous expliquer qu’elle était déjà mère : par malchance, elle avait demandé à une camarade de classe ce qu’il fallait faire lors du premier rapport sexuel et cette dernière lui avait répondu qu’il n’y avait pas besoin de se protéger. Avoir la bonne information est un vrai problème.

Il faut donc aider les jeunes à enclencher la discussion, même s’il n’y a pas de recette toute faite. C’est un peu comme pour demander une autorisation de sortie à ses parents : il faut savoir choisir le bon moment et les bons mots pour en parler. Je voudrais dire à tous les jeunes : « Il nous faut prendre davantage conscience de nous-mêmes ; notre destinée est dans la paume de nos mains et dans le creux de nos cerveaux. A nous d’adapter nos comportements au quotidien. »