Comme bon nombre d’autres villes africaines, Ouagadougou connaît une croissance démographique forte. En tant qu’élus ou responsables municipaux, nous avons le devoir de répondre aux besoins des populations et de leur assurer de bonnes conditions de vie. Toutefois, les ressources ne sont pas toujours disponibles pour financer les services sociaux et les équipements collectifs de base comme les centres de santé, les écoles, la distribution d’eau potable, le réseau électrique, etc.
Bien évidemment, nous mobilisons des moyens et nous essayons d’adapter les services qui existent déjà. Mais l’impact est aussitôt amoindri par l’augmentation de la population. Agir sur la démographie est donc crucial et la planification familiale fait partie des leviers possibles pour offrir à nos administrés un développement qui soit digne et respectueux des droits humains.
« Nous avons accompagné la mobilisation des leaders politiques et coutumiers pour défendre la cause des jeunes filles vulnérables »
En 2014, les responsables de l’arrondissement n°12 de Ouagadougou ont été contactés par une coalition d’ONG, , le réseau Alliance Droits et Santé, pour que nous nous mobilisions sur ces questions. Les premières prises de contact ont permis à Madame le Maire et à son équipe de bien comprendre les enjeux et d’apprendre à nous connaître mutuellement. Le fait qu’il s’agisse de plusieurs organisations de la société civile était un point rassurant pour nous : d’une part elles étaient complémentaires, et d’autre part cela écartait toute suspicion de partialité dans le choix d’un partenaire associatif. Nous avons ainsi décidé d’engager l’arrondissement et d’appuyer les actions qui seraient menées sur le terrain en matière de planification familiale et, plus largement, sur la santé sexuelle et reproductive.
Concrètement, nous avons apporté un soutien matériel et logistique aux activités de sensibilisation menées par l’Alliance Droits & Santé en direction des ménages. Plusieurs séances de théâtre-forum ont été organisées avec succès dans l’arrondissement. Par ailleurs, nous avons accompagné les ONG dans la mobilisation des leaders politiques et coutumiers en faveur de la planification familiale : en incitant et en participant à des rencontres d’échanges pour défendre la cause des jeunes filles vulnérables, les autorités municipales ont ainsi donné du crédit au débat et elles ont montré combien il était important de se mobiliser au sein de chaque communauté.
« Il ne faut jamais rater une occasion de sensibiliser sur la planification familiale »
A travers l’éducation que j’ai reçue de mes parents, dans ma vie d’adulte et aussi avec les ONG, j’ai appris qu’il ne faut jamais rater une occasion de sensibiliser sur la planification familiale. Dans mon entourage professionnel il y a surtout des femmes : alors je leur en parle. Venant d’un homme, cela leur fait parfois bizarre. Mais c’est important de banaliser ces questions et d’en faire un sujet de conversation « normal », car cela fait partie de notre vie à tous : mieux vaut partager nos doutes et nos difficultés que de rester enfermés dans un silence qui n’arrange certainement pas les choses.
Il en va de même lors des célébrations de mariages pendant lesquels, traditionnellement, l’officier d’état civil prodigue certains conseils aux jeunes époux… et je vous garantis qu’ils écoutent attentivement. Car ce n’est pas commun qu’on leur dise qu’il ne s’agit pas de faire des enfants pour en faire, mais qu’il faut pouvoir les nourrir, les soigner, les éduquer, etc. Plus l’exemple vient du haut, mieux il est écouté et mieux il est suivi.